

En réponse à la crise du logement, le Royaume-Uni construit de nouvelles villes
La ville nouvelle de Northstowe, en Angleterre, prend peu à peu forme : d'ici à 20 ans, elle devrait compter 30.000 habitants, dix fois plus qu'aujourd'hui. Un modèle pour l'ambitieux projet du gouvernement visant à répondre à la pénurie de logements au Royaume-Uni.
Le Premier ministre travailliste Keir Starmer, élu en juillet 2024, a promis un million et demi de nouveaux logements d'ici à 2029.
La plupart seront construits en étendant des développements urbains existants mais il s'est également engagé à commencer à travailler sur la "prochaine génération" de villes nouvelles au Royaume-Uni.
L'action du gouvernement travailliste réformateur de Clement Attlee (1945-1951), qui a notamment mis en place le NHS, le système public de santé, est une source d'inspiration.
Il a ouvert la voie à la construction dans les années 1960 de ce qui est sans doute la ville nouvelle la plus célèbre du Royaume-Uni : Milton Keynes, au nord de Londres, qui compte actuellement plus de 250.000 habitants et dont le modèle est souvent critiqué.
Lorsque Milton Keynes a été bâtie, la voiture était reine et l'avenir du shopping était pensé à l'intérieur d'immenses centres commerciaux.
Aujourd'hui, les urbanistes accordent davantage d'importance à la biodiversité, note Katja Stille, de l'agence Tibbalds chargée de l'aménagement de Northstowe, dans le centre de l'Angleterre.
"Le monde est très différent de (celui de) cette époque", souligne-t-elle auprès de l'AFP.
Avec ses espaces verts, ses pistes cyclables, ses lacs et ses connexions de transport, Northstowe, à une vingtaine de kilomètres de Cambridge, se présente comme une cité nouvelle "saine" engendrant de "faibles émissions de carbone".
Le site, qui est en cours de développement sur une ancienne caserne de la Royal Air Force, a accueilli ses premiers résidents en 2017. Environ 1.600 logements sont désormais occupés. Une fois achevée, la ville en comptera 10.000 ainsi que huit écoles.
- "Un défi" -
"Je suis vraiment enthousiaste pour l'avenir", dit Jason Benedicic, un consultant en informatique devenu maire de Northstowe cette année, vantant notamment l'esprit de communauté qui y règne.
Ce quadragénaire a emménagé en 2020 avec sa conjointe et leur enfant dans cette ville, plus abordable que Cambridge.
A Northstowe, il n'y a actuellement ni magasin ni cabinet médical. Mais le projet est de transformer un champ en "un centre ville vivant". "Ce serait bien d'avoir un coiffeur", juge Jason Benedicic.
Stephen Brewer, 68 ans, gère le Tap and Social, le seul café-bar local, qui a ouvert en avril 2024.
Il est fier d'être un pionnier mais ne serait pas opposé à un peu de concurrence. "Cela ne nous fait pas peur", dit-il.
Le Royaume-Uni est confronté, depuis des années, à une grave crise immobilière : l'offre ne parvient pas à répondre à la demande, l'espérance de vie et l'immigration augmentant.
En raison des prix qui ont grimpé en flèche et du manque de logements abordables, devenir propriétaire est hors de portée pour de nombreux jeunes.
Environ 354.000 personnes sont sans domicile en Angleterre -qui compte 58 millions d'habitants-, selon l'organisation caritative Shelter England.
Keir Starmer vise la construction de 300.000 logements par an pendant son mandat, un rythme bien supérieur à celui qui a été atteint ces dernières années.
Il a assuré qu'il réviserait les lois d'urbanisme pour faciliter le contournement des réglementations environnementales et la construction de davantage de logements.
Mais des questions subsistent sur la disponibilité des terrains, des matériaux de construction ainsi que sur le nombre des travailleurs ayant les compétences nécessaires.
Il s'agit d'"un objectif ambitieux et d'un défi", pour Tim Wray, le directeur du développement de la société Keepmoat, qui construit 300 logements à Northstowe.
Un groupe de travail gouvernemental examine plus de 100 sites à travers l'Angleterre pour y bâtir les prochaines villes nouvelles. Elles pourraient chacune accueillir 10.000 logements. Ce groupe doit prochainement en annoncer les emplacements.
Il s'agira de lieux "bien conçus, beaux, avec des logements abordables, des cabinets médicaux, des écoles et des transports publics, où les gens voudront vivre", a promis le gouvernement.
(O.Mofokeng--TPT)