

Kiev promet d'intensifier ses frappes en profondeur en Russie
Le commandant en chef des armées ukrainiennes, Oleksandr Syrsky, a assuré que l'Ukraine intensifiera ses frappes contre des cibles militaires russes en profondeur en Russie, trois semaines après une attaque spectaculaire contre des bases aériennes réculées en Russie.
La veille de négociations entre Kiev et Moscou à Istanbul, le 2 juin, l'Ukraine avait frappé plusieurs aérodromes russes, jusqu'à des milliers de kilomètres de ses frontières, après avoir introduit clandestinement en Russie des drones explosifs pendant une opération complexe.
Selon Kiev, cette attaque - une riposte visant l'armée de l'air russe qui frappe quasiment quotidiennement l'Ukraine - avait détruit ou endommagé de nombreux avions militaires.
Lors d'une rencontre avec des journalistes samedi, sous embargo jusqu'à dimanche, Oleksandr Syrsky a affirmé que de telles attaques se poursuivront.
"Bien sûr, nous continuerons. Nous augmenterons l'ampleur et la profondeur", a-t-il affirmé, estimant que ces frappes s'avéraient "efficaces" et précisant que Kiev n'attaquerait que des cibles militaires.
"Nous ne nous contenterons pas de rester en défense. Parce que cela n'apporte rien et conduit finalement au fait que nous reculons, perdons des hommes et des territoires," a-t-il ajouté.
- Négociations dans l'impasse -
Les commentaires de M. Syrsky interviennent alors que les efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre déclenchée par l'invasion russe à grande échelle de l'Ukraine, en février 2022, sont au point mort.
La dernière réunion entre les deux parties remonte à près de trois semaines et aucun pourparler de suivi n'a été programmé.
Ce conflit armé, le plus intense en Europe depuis la Deuxième guerre mondiale, se déroule depuis plus de trois ans et a fait, à minima, des dizaines de milliers de morts dans les deux camps.
Parmi les civils, tous les jours, des frappes d'artillerie et aériennes font de nouvelles victimes.
Et, malgré de lourdes pertes, l'armée russe poursuit sur le front des actions offensives, grignotant du terrain dans certains secteurs, face à des troupes ukrainiennes moins nombreuses et moins bien équipées.
La Russie, en dépit des sanctions occidentales censée affaiblir son économie, a investi de gigantesques sommes pour faire tourner son industrie militaire.
Le commandant en chef des armées ukrainiennes, Oleksandr Syrsky, a d'ailleurs reconnu que Moscou avait certains avantages dans la guerre par drones, notamment dans la fabrication de drones à fibre optique qui sont difficiles à brouiller.
"Ici, malheureusement, ils ont un avantage à la fois en nombre et en portée de leur utilisation," a-t-il déclaré.
- Pression sur Soumy -
En dépit de son infériorité numérique, l'armée ukrainienne a entrepris, depuis l'invasion de 2022, de multiples offensives.
En août 2024, elle avait notamment attaqué par surprise la région frontalière russe de Koursk, s'emparant de centaines de kilomètres carrés avant d'en être délogée au printemps par les forces russes soutenues par un contingent nord-coréen.
Oleksandr Syrsky a, lui, assuré que l'Ukraine détenait toujours 90 kilomètres carrés dans cette région."Ce sont nos actions préventives en réponse à une possible offensive ennemie," a-t-il dit.
La Russie avait déclaré en avril avoir pris le contrôle total de la région de Koursk et nie que Kiev y ait maintenu une présence.
Par la suite, Moscou a entrepris des attaques dans la région ukrainienne voisine de Soumy, s'emparant de plusieurs localités et disant vouloir y constituer une zone tampon pour prévenir des incursions ukrainiennes.
Cette semaine, le président russe Vladimir Poutine a dit ne pas exclure la prise de la ville de Soumy, la capitale régionale.
Le commandant ukrainien Oleksandr Syrsky a pour sa part assuré que son armée avait "stoppé" des opérations offensives dans la région, assurant que la situation était "stabilisée" et que Kiev y avait repris le contrôle d'un village, Andriïvka.
Moscou occupe actuellement environ un cinquième de l'Ukraine et a déjà revendiqué l'annexion de quatre régions ukrainiennes, en plus de la péninsule de Crimée, qu'elle a envahie en 2014.
Kiev a accusé Moscou de saboter délibérément un accord de paix afin de prolonger son offensive à grande échelle contre le pays et de saisir plus de territoire.
(H.VanNiekerk--TPT)