Le Congrès américain en passe de mettre fin à une paralysie budgétaire record
La paralysie budgétaire aux Etats-Unis touche à sa fin mercredi avec l'adoption attendue d'une proposition de loi au Congrès, après six semaines de "shutdown" qui ont déréglé de nombreux pans de l'économie et laissent un goût amer à l'opposition démocrate.
Un vote à la Chambre des représentants devrait avoir lieu après 19H00 (00H00GMT jeudi) sur ce texte budgétaire déjà approuvé par le Sénat. Les républicains sont majoritaires à la chambre basse, et malgré l'opposition affichée du groupe démocrate, la proposition de loi devrait être adoptée.
Il ne resterait que la signature présidentielle pour lever le plus long "shutdown" du pays, entamé le 1er octobre.
Après plus de 40 jours d'impasse budgétaire, huit sénateurs démocrates avaient fini par rendre les armes lundi en approuvant avec leurs collègues républicains une nouvelle proposition de loi, qui étend le budget précédent jusqu'à fin janvier.
Le texte laisse en revanche dans le flou la prolongation de subventions pour "Obamacare", l'assurance santé de ménages aux revenus modestes, au grand dam de la base et de nombreux élus démocrates.
Parmi les seules concessions à l'opposition, le texte prévoit la réintégration des fonctionnaires licenciés depuis le début du "shutdown".
Il comprend également des fonds pour le programme d'aide alimentaire SNAP jusqu'en septembre, évitant ainsi que cette aide, dont bénéficient plus de 42 millions d'Américains, soit gelée en cas de nouvelle paralysie budgétaire fin janvier, comme ce fut le cas lors du blocage actuel.
- "Trahison" -
"Notre long cauchemar national touche enfin à sa fin", s'est réjoui le chef républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson. Donald Trump l'a félicité mardi -- tout comme le chef de la majorité au Sénat, John Thune -- pour leur "très grande victoire".
Huit voix de sénateurs de l'opposition étaient nécessaires pour adopter le texte, même si les républicains sont majoritaires. Et les huit qui l'ont voté se sont attiré les foudres de nombreux membres du camp démocrate, qui dénoncent de maigres concessions et de fausses promesses républicaines.
Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, s'est ainsi lamenté sur X d'une "capitulation" et d'une "trahison" envers l'Amérique qui travaille.
De nombreux démocrates se sont aussi demandé pourquoi ces sénateurs ont cédé quelques jours seulement après de larges victoires de leur parti dans d'importantes élections à travers le pays, qui validaient selon eux leur stratégie au Congrès.
La polémique vise principalement Chuck Schumer, chef des démocrates au Sénat. S'il a voté contre le texte lundi, il est soupçonné par de nombreux élus et sympathisants démocrates d'avoir poussé en coulisses pour un accord.
- "Seulement des mots" -
Le chef de la minorité démocrate à la Chambre, Hakeem Jeffries, a pour sa part exhorté les républicains à tenir leur engagement d'organiser bientôt un vote au Congrès pour prolonger les subventions pour "Obamacare".
"Maintenant, il va falloir voir s'il y aura des actes ou si c'était seulement des mots", a-t-il déclaré sur CNN.
La question de ces subventions est au coeur du différend qui a mené au "shutdown". Sans leur prolongation, les coûts de l'assurance santé devraient plus que doubler en 2026 pour 24 millions d'Américains qui utilisent "Obamacare", selon KFF, cercle de réflexion spécialisé sur les questions de santé.
"La santé des gens à travers ce pays est sur le point de devenir inabordable (...) Et cela en Amérique, le pays le plus riche au monde dans l'Histoire!", a dénoncé mardi Hakeem Jeffries.
Depuis le 1er octobre, plus d'un million de fonctionnaires ne sont pas payés. Le versement de certaines aides est fortement perturbé, et des dizaines de milliers de vols ont été annulés ces derniers jours en raison de pénuries de contrôleurs aériens, dont certains choisissent de se faire porter pâle plutôt que de travailler sans salaire.
Le ministre des Transports, Sean Duffy, a lancé un nouvel avertissement mardi: si la Chambre des représentants n'adopte pas rapidement le nouveau texte budgétaire, de nouvelles répercussions sont à attendre dans les aéroports.
(M.Coetzee--TPT)